Lettre réponse du 27 Février 2019 à Patrick Declerck

   Réponse à Monsieur Patrick Declerck (Nord Eclair du 24/12/2018)
   
 AGRICULTEURS EN COLÈRE

Mouscron, le 27 février 2019

Dans le journal Nord Éclair daté du 11 avril 2018, nous avons découvert l’avis de Mr. Patrick Declerck, administrateur-délégué de la société Décomo, expert en entreprises et observateur au sein de l’ IEG : « Les terrains ? Une question de vie ou de mort ».

On poursuit dans le Nord Éclair du 24 décembre 2018 : « L’interview du lundi. Patrick suit de très près tout ce qui se passe dans sa ville, en politique comme en économie. »( Il y a plus de deux mois. )
« Il faudrait débloquer au moins 55 ha le long de l’autoroute à Dottignies. ».
C’est une des déclarations publiques que monsieur Declerck fait très régulièrement.
Selon lui, ce serait un problème très « touchy ».

Ses rêves et ses souhaits irréalistes et irréalisables à Mouscron interpellent et inquiètent encore une fois les agriculteurs et les riverains.



Rappelons un peu l’histoire de Mouscron.
Dans les années septante du siècle dernier est créé et activé le plan de secteur.
À ce moment-là beaucoup de terres agricoles à Mouscron se sont transformées en terrains à bâtir, zonings, zones artisanales, zones blanches (ZACC), etc...
La destination de l’agriculture était donc définitivement perdue dans ces endroits.
Finalement, il ne restait que 33 % du territoire de Mouscron en zones agricoles.

Cette grande zone agricole est protégée.
Tout changement de la zone agricole doit être compensé dans la commune par la conversion d’une superficie égale d’une zone constructible en non-constructible (soit en zone agricole ou en zone verte).
C’est une obligation dans la procédure de révision de plan de secteur.
Les mesures de compensation doivent être précisées déjà à la première étape de la longue procédure de 4 étapes.
C’est irréalisable car nous pensons que les propriétaires des terrains constructibles n’accepteront plus cela pour cause de moins-valus.

Certaines personnes continuent de prétendre que Mouscron a droit aux 46 hectares de zonings industriels attribués par le Ministre de l’époque : Mr. le Ministre Philippe Henry (Ecolo).
Il s’agissait simplement de l’avant-projet destiné au Schéma de Structure Communal (SSC) devenu Schéma de Développement Communal, qui a été élaboré de manière très professionnelle, accepté par le conseil communal en juin 2016 et finalement adopté par le ministre Carlo de Antonio en octobre 2016, avec publication au Moniteur Belge en Novembre 2016.

La zone agricole dans ce Schéma de Développement Communal n’a pas été modifiée.
Elle est restée la même que le plan de secteur actuel.
C’était la volonté du conseil communal et finalement du Ministre.
Ce qui revient à dire que le zoning du Marhem n’est plus repris dans la liste des zonings potentiels de la région Wallonne.
Ce Schéma de Développement Communal est fixé pour au moins les 25 ans à venir.
Pour les agriculteurs, le Schéma de Développement Communal garantissait de la fiabilité, ce qui est très important pour la gestion d’une exploitation agricole, pour des investissements importants et pour réaliser des projets à long terme.
La zone agricole ne peut plus diminuer à Mouscron.
Les agriculteurs mouscronnois ont donné assez, le seuil a été atteint.

À Mouscron le développement économique a atteint ses limites.
Le développement économique de Mouscron, d’Estaimpuis et de Comines-Warneton devient une histoire à succès qui dure depuis plus de 25 ans.
Tout cela a été guidé, accompagné et géré par l’I.E.G (Intercommunale d’Etude et de Gestion), qui est active dans les mêmes communes.
Fondée il y a près de 30 ans, en 1989, l’intercommunale IEG a donné aux entreprises de la Flandre-Occidentale l’occasion de créer 3250 jobs chez nous mais … ces emplois n’ont pas nécessairement été attribués aux Mouscronnois ou résidents de la zone I.E.G.

« Nous sommes très satisfaits des 25 dernières années » explique le directeur-général Guy Brutsaert dans ‘Het Nieuwsblad’ du 7 février 2017, « mais la grande croissance est probablement terminée ».

La commune de Mouscron a un taux d’occupation en industrie de 13 %. (et non de 10 à 12 % comme spécifié par monsieur Patrick Declerck ) C’est le plus élevé de la Wallonie.

L’attractivité de Mouscron pour les entreprises flamandes s’explique de différentes raisons. Les principales étaient :
1. La disponibilité des terrains.
2. Les prix beaucoup moins chers qu’en Flandre :
          ➢ À Mouscron 65 à 75 €/m2 par l’IEG,
          ➢ À Courtrai le double.
          ➢ L’intercommunale Leiedal vend généralement de 105 à 132 €/m2,
          ➢ À Evolispark le prix peut atteindre 142 €/m2.
          ➢ Chez des propriétaires privés en Flandres : les prix varient de 160 € à 250 € /m2 (source : Het Nieuwsblad du 7/2/2017)
3. Les subsides sont de 5 à 10 % du montant total de l’investissement, mais cela ne concerne pas le développement et l’investissement, en classe 1, de l’agriculture locale. Combien de subsides sont contraignants avec obligation de rechercher et d’employer de la main d’oeuvre locale ? (Cette question est valable pour toutes les régions).

N’oublions pas que de notoriété publique certaines firmes investissent sans vraiment créer d’emploi et une fois les subsides encaissés en tenant compte du délai obligatoire de présence revendent avec une marge largement bénéficiaire.
Dans ces circonstances l’attractivité de Mouscron et la demande de l’industrie ne peuvent qu’augmenter. C’est à prévoir.
L’espace n’est cependant pas extensible.

Dans l’émission Culture à la une du 19 février 2019 sur Notélé, Mr. Brutsaert signale que « l’IEG a encore 20 hectares à Mouscron ».
En complément, des terrains sont aussi disponibles chez des personnes privées, pas nécessairement au travers de l’IEG, et donc pas au tarif imposé par l’IEG.

Mr Declerck (Nord Eclair en mars 2018) : « C’est une question de vision qu’on a du territoire. A-t-on encore vraiment besoin à Mouscron de toutes petites parcelles agricoles qui sont enclavées ? On peut se poser la question. ».

Quand on regarde le plan de secteur de Mouscron, la zone agricole est indiquée en couleur jaune.
La couleur jaune est répartie sur une grande surface sur Dottignies, Luingne et Herseaux.
Les propos de Mr Declerck sont donc totalement inexacts lorsqu’il parle des petites parcelles agricoles enclavées.

Les petites parcelles enclavées, actuellement cultivées par un agriculteur, sont pratiquement toutes dans des zones autres que la zone agricole.
Elles sont déjà toutes condamnées à terme pour l’agriculture. (résultante constatée de la politique dure menée en son temps pour éliminer les agriculteurs de la commune de Mouscron).
Les propriétaires sont des personnes privées qui ont aussi leurs droits.
Il y a un prix correct à recevoir.
Un terrain agricole est beaucoup moins cher qu’un terrain à bâtir ou un terrain en zoning industriel ou en zone artisanale.
Un terrain constructible mais actuellement en usage agricole a son prix.
Un prix parfois trop élevé selon le souhait de l’acquéreur potentiel.

                                        PLAN DE SECTEUR DE MOUSCRON

À Mouscron les investisseurs flamands ont été gâtés pendant 30 ans.
L’agriculteur-propriétaire qui perd son outil de travail, est le grand perdant.
La zone agricole est réservée aux agriculteurs.
Si un agriculteur possède un terrain à bâtir ou en zoning, il peut le vendre à l’IEG quand il veut.
Il doit être payé au prix de terrain à bâtir et non pas au prix de terrain agricole (5€/m2), ni au prix de zone verte ou de zone nature (1€/m2).
Quoi que peuvent en dire ou penser certains, les désinformations ou pressions sur des propriétaires de terrains convoités, non versés dans les connaissances immobilières, ont fait perdre à certains de ceux-ci, des sommes importantes auxquelles ils avaient droit.

Mr. Declerck (Nord Eclair du 24 décembre 2018) : « Loin de moi l’idée de vouloir tuer les agriculteurs, mais notre ville est trop petite pour de l’exploitation agricole intensive ».

Dénigrer à ce point un métier qui nourrit l’homme n’est pas digne d’une personne comme Mr. Declerck.
Le béton est plus lourd à digérer que les produits de la terre !

Il est compris par dénigrement du métier d’agriculteur le fait d’insister sur l’exploitation agricole intensive afin de généraliser toutes les exploitations agricoles.
Pour le grand public cela fait chic.
Mais en réalité nous avons en général un agriculteur petit ou moyen et local qui est agressé en permanence.
Nous ne devons donc pas être étonnés du grand mécontentement qui se manifeste.

Sans doute devrions nous comprendre que l’industrie veut devenir intensive en détruisant campagnes et terres fertiles, au détriment de nos agriculteurs locaux, actifs de plus en plus dans les circuits courts, surtout alimentaires.
Comme dit le slogan actuel, le circuit court « c’est bon pour la planète ».

Paysan – Fermier – Agriculteur – Exploitant agricole – Entrepreneur agricole - Agrimanager : Ce sont les différents noms du métier, au cours des siècles.
Cela montre que la profession a évolué petit à petit.
Un agriculteur est un entrepreneur.
Il y a donc là aussi la liberté d’entreprendre.
Personne ne doit nous dicter comment nous devrions cultiver, sans pour cela exclure l’agriculture intensive.

Un petit rappel : Les terres ne sont pas extensibles.

Il est inconvenant de rendre impossible le développement des exploitations agricoles en les expropriant petit à petit.
Tout agriculteur Mouscronnois a le droit, en bon père de famille, de diriger son exploitation comme il le souhaite, avec ses bonnes connaissances, avec ses compétences, avec ses possibilités et avec ses capacités, parfois contre vents et marées, afin de s’adapter à l’évolution du métier dans lequel il croit fermement.
Quel que soit le type d’agriculture, intensive, bio, à destination de circuit court, de l’agriculture raisonnée et toutes autres non définies ici, les valeurs sont identiques.

L’insatiabilité de certains pour occuper des terres agricoles ne les autorise pas à dicter ce que le monde agricole doit faire.
Nous pouvons sous-entendre par-là l’IEG, l’industrie(l) et certains politiques.
Un peu comme si le monde agricole venait critiquer négativement la gestion des diverses industries en place.
Réactions assurées.
Les agriculteurs dirigent leurs exploitations d’une manière efficace en répondant aux besoins multiples.

Être agriculteur n’est pas un métier aléatoire soumis aux bons vouloirs financiers… 
Ce n’est pas quelque chose que l’on fait, 
mais c’est quelque chose que l’on est. 
C’est une identité.  
C’est une manière de vivre.

L’agriculteur a aussi le choix, la liberté de vendre son ou ses terrains, à un prix correct ou aussi de ne pas vendre.
Cela n’a pas toujours été le cas dans le passé.

Donc, Mr. Declerck, « Une question de vie ou de mort », c’est plutôt le cas pour les agriculteurs et non pas pour l’industrie.
Mr. Brutsaert a dit « La grande croissance est probablement terminée ».
Nous pensons que c’est une réalité à Mouscron.

Pour les agriculteurs, les agricultrices de Mouscron et les riverains,

Ann VANRYCKEGHEM
Agricultrice
Secrétaire de l’UAW Mouscron
Membre de la CCATM de Mouscron
Membre de PCDN
Administratrice UCM Mouscron-Comines

 Roger DE BUE 
 Riverain
 Membre de la CCATM de Mouscron
 Membre de PCDN

CE TEXTE EST DISPONIBLE EN FORMAT PAPIER SUR SIMPLE DEMANDE.
Adresse mail de contact : agriculteurs.mouscron@gmail.com
GSM :  + 32(0)487 89 35 59 ( En cas d’absence laisser vos coordonnées et un message )
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